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ENTRETIEN
Neal JETTON
directeur de la cybercriminalité d’Interpol
UN ENGAGEMENT
COMMUN CONTRE
LA CYBERCRIMINALITÉ
Neal Jetton, directeur de la cybercriminalité d’Interpol, explique à nos confrères
de Computerworld Espagne comment l’organisation policière internationale collabore
au-delà des frontières dans un contexte d’évolutions technologiques permanentes
et où la bataille des compétences fait rage.
Mario Moreno, IDG NS (adapté par Jacques Cheminat)
réée en septembre 1923, Interpol
réunit aujourd’hui 196 pays dans la
lutte contre le crime organisé. Mais
au cours de son siècle d’existence,
la criminalité a changé avec les
évolutions technologiques donnant
naissance à la cybercriminalité.
Cette dernière est devenue l’une
des principales batailles d’Interpol aujourd’hui. Pour
découvrir les dé昀椀s auxquels l’organisme est confronté, nos
confrères de Computerworld Espagne se sont entretenus
avec Neal Jetton, chef de l’unité cybercriminalité
d’Interpol, lors du Forum mondial sur la cybersécurité
qui s’est tenu en septembre dernier à Ryad, en Arabie
saoudite.
C
Comment le paradigme de la cybermenace
a-t-il changé dans le contexte géopolitique
dans lequel nous nous trouvons, avec des
conflits ouverts en Ukraine et au Moyen-Orient ?
Neal Jetton : La cybercriminalité elle-même favorise
et alimente la mondialisation. Il est donc plus di昀케cile
pour une agence ou un pays de la combattre avec succès.
C’est là qu’Interpol intervient, car nous avons pu réunir
196 pays membres et leurs diverses autorités judiciaires.
Ainsi, lorsque, par exemple, au Moyen-Orient, les gens
ont un besoin, un test ou une question concernant une
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autre région géographique avec laquelle ils n’ont pas de
relations diplomatiques ou ne savent pas à qui s’adresser,
ils peuvent nous solliciter et nous établissons ces liens.
Les cyberattaques deviennent plus fréquentes
et plus virulentes. Quel impact cela a-t-il
sur les opérations d’Interpol aujourd’hui ?
N. J. : L’un des problèmes est la fréquence de la cybercriminalité. Si l’on considère son coût total, il dépassera les 10 500 milliards de dollars d’ici 2025 (selon une
étude de Cybersecurity Ventures, ndlr) et atteindra les
15 000 milliards de dollars d’ici 2029. Pour lutter contre
ces crimes, il faut attirer su昀케samment de personnes
qualifiées et se servir des technologies émergentes.
L’objectif est de mettre tout le monde sur un pied d’égalité, car les cybercriminels disposent d’un avantage avec
l’intelligence arti昀椀cielle. Et à l’avenir, il y aura l’informatique quantique.
Il nous appartient de ne pas avoir peur et de regarder
vers l’avenir, de voir comment nous pouvons utiliser ces
mêmes technologies au pro昀椀t des services de police.
C’est ce que nous faisons à Interpol. Nous nous concentrons sur trois domaines pour lutter contre la criminalité
transnationale : tout d’abord, les capacités, grâce à nos
di昀昀érentes formations sur un large éventail de sujets ;
nous fournissons également un soutien opérationnel et