0024-MAG24 Dec - Flipbook - Page 51
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L’informatique,
bientôt dans l’espace
A
l’heure où l’IA nécessite une puissance colossale de calcul et que la Terre ne dispose pas
de ressources infinies en termes d’énergie et
d’eau, est-il farfelu de transférer les datacenters dans l’espace ? Non, à en croire l’étude ASCEND
(Advanced Space Cloud for European Net zero emission
and Data sovereignty) dévoilée par Thales Alenia Space
en juin 2024. L’objectif est bien de réduire de façon significative l’empreinte carbone liée à l’énergie consommée
par les datacenters tout en assurant la sécurité des données pour les particuliers et les entreprises européennes.
L’avantage d’un datacenter dans l’espace est qu’il profiterait à volonté de l’énergie solaire. Les résultats de
l’étude ASCEND démontrent que le projet est économiquement viable avec l’ambition de déployer 1 gigawatt
avant 2050 et un retour sur investissement potentiel de
plusieurs centaines de milliards d’euros d’ici 2050. Seule
condition et non des moindres, disposer d’un lanceur
spatial éco-conçu. C’est-à-dire dix fois moins émissif
que la génération actuelle. Un impératif donc car selon
une étude du cabinet de conseil Carbone4, 70 % de l’empreinte carbone du datacenter proviendrait de sa mise
en orbite. Dans les meilleures conditions, ce lanceur, qui
ne sera pas prêt avant 2036, devra être capable d’envoyer
35 tonnes à une altitude de 1400 km et serait réutilisable
jusqu’à 50 fois.
communications laser offrent aussi une faible latence
et une faible probabilité de brouillage et d’interception.
En avril 2023, la NASA a réussi à établir une liaison de
communication laser la plus rapide entre la Terre et
l’espace, soit un débit de 200 gigabits par seconde ce
qui a permis de transférer 3,6 téraoctets de données en
seulement 6 minutes. De son côté, le projet TeQuantS,
initié par Thales Alenia Space et l’Agence spatiale européenne (ESA), vise à développer les technologies de communications quantiques ultra sécurisées entre l’espace
et la Terre. Derrière ce projet, l’enjeu majeur de cybersécurité consiste à générer des clés cryptographiques
sécurisées en utilisant les propriétés quantiques de la
lumière et à les distribuer aux utilisateurs qui pourront
être localisés n’importe où dans le monde.
Satellite de démonstration en mai 2025
En outre, de nombreuses start-ups sont déjà dans les
starting-blocks pour envoyer des datacenters dans l’espace à l’image de Lonestar Data Holdings. Début 2024,
cette entreprise californienne a déjà réussi à envoyer,
de la Terre à la Lune, la déclaration d’indépendance
ainsi qu’une copie de la constitution américaine et de la
déclaration des droits, puis des données pour l’État de
Floride. Un deuxième test est programmé, cette fois-ci,
pour envoyer un mini datacenter de 8 To (en SSD) avec un
seul FPGA Microchip PolaFire SoC. Autre exemple, celui
de Lumen Orbit, soutenu par Nvidia et Y Combinator,
qui prévoit de lancer son satellite de démonstration en
mai 2025 et affirme ainsi qu’il disposera de GPU 100 fois
plus puissants que ceux jamais exploités dans l’espace.
D’autres facteurs soutiennent les datacenters dans l’espace, ce sont les communications laser bien plus performantes que les radiofréquences actuellement utilisées
par les satellites pour leurs liaisons avec la Terre. Les
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