LMi-MAG 6 Mars 2021 - Flipbook - Page 43
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Lente progression
à prévoir pour la vraie
5G grand public
D
epuis le 1er octobre, date à laquelle la vente aux
enchères de la 5G sur la bande des 3,5 GHz s’est
clôturée, quatre opérateurs commercialisent des
forfaits 5G auprès du grand public (cutt.ly/quels-forfaits5g). Les abonnés peuvent bien évidemment en profiter
dans quelques grandes villes (Le Mans, Lyon, Dijon,
Rouen, Marseille, Paris et d’autres), là où des antennes
5G sur la bande des 3,5 GHz sont opérationnelles. Pour
l’heure, ces antennes 5G sur la bande des 3,5 GHz ne sont
pas encore très nombreuses sur le territoire, plusieurs
centaines pas plus. Toutefois, comme le rappelait Gilles
Brégant, directeur général de l'Agence nationale des
fréquences (ANFR), lors du Forum 5G organisé par RM
Conseil et diffusé via LaTribuneTV Events, la 5G fonctionne aussi dans les bandes de fréquences utilisées
pour les 2G, 3G et 4G. Ainsi, un tiers de ces émetteurs 2G,
3G et 4G (soit environ 16 000 au total) sont déjà upgradés
en 5G en France avec, bien sûr, des débits moindres (les
débits de cette 5G light étant plus proches de ceux de la
4G). Cette technique d’upgrade appelée DSS (Dynamic
Spectrum Sharing ou partage dynamique du spectre
en français) est très répandue dans certains pays dont
les États-Unis. Cette 5G light servira donc de transition
vers la vraie 5G sur la bande des 3,5 GHz, laquelle mettra
beaucoup de temps à tisser sa toile dans l’hexagone.
Des obligations à respecter
La vraie 5G commerciale se joue donc sur la bande des
3,5 GHz. En contrepartie de l’attribution récente de cette
dernière, l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes, au statut d'autorité
administrative indépendante), qui entend jouer son rôle
de régulateur, impose des obligations aux opérateurs.
Déjà, ils doivent s’engager à équiper en vraie 5G 3 000 sites
en 2022, 8 000 en 2024 et 10 500 en 2025 dont 25 % en
zone peu dense ou industrielle. Concernant les débits,
dès 2022, au moins 75 % des sites devront bénéficier
d’un débit au moins égal à
240 Mbit/s (pour chacun des
ORANGE SFR ET
BOUYGUES TELECOM sites). Au moins 90 % des sites
devront disposer d’un débit au
QUELS FORFAITS 5G
moins égal à 240 Mbit/s d’ici à
Article
la fin 2025 et 100 % en 2030.
De même, pour répondre à
des usages spécifiques avec
des offres sur mesure, l’Arcep
demande aux opérateurs d’accutt.ly/quels-forfaits-5g tiver les fonctions techniques
Gilles Brégant,
directeur général
de l'Agence nationale
des fréquences
(ANFR).
les plus récentes de la 5G comme le slicing (technologie
consistant à découper le réseau en plusieurs tranches)
d’ici à 2023. Enfin, pour accélérer la transition vers le
protocole de routage IPv6, l’Arcep prévoit une obligation pour rendre les réseaux mobiles compatibles avec
celui-ci. D’autres engagements optionnels cette fois-ci
sont proposés dans le cahier des charges comme la couverture à l’intérieur des bâtiments, la mise à disposition
de fréquences à des acteurs économiques (entreprises,
collectivités, administrations…), des offres d’accès fixes,
une plus forte transparence des opérateurs sur leurs
pannes notamment et sur l’accueil des MVNO en 5G.
Des craintes partagées par des Français
et des élus
Si les premiers services 5G sont déjà en service, les
Français restent partagés entre opportunités business et
inquiétudes sanitaires sur l’implantation des antennes
sur le territoire. Selon l’étude réalisée par Odoxa et
Oracle, plus d’un français sur deux estime que la mise
en place de la 5G en France ne devra se faire qu’une fois
que son impact environnemental et sanitaire aura été
pleinement étudié. En septembre, une enquête de l’Ifop
pour le site lemon.fr et dévoilée par Le Parisien indiquait que 51 % des Français estimaient que la 5G a des
effets négatifs avérés sur la santé humaine. D’ailleurs,
de nombreux élus, souvent écologistes, réclament des
moratoires sur la 5G, certains ont même demandé aux
opérateurs de ne pas activer la 5G avant la publication
des résultats du rapport sur l’effet des ondes de l’Anses,
l’Agence nationale de sécurité sanitaire, attendu au printemps 2021. Cela dit, les pouvoirs des élus restent très
limités pour empêcher l’installation d’une antenne relais
et se réfèrent surtout au code de l’urbanisme (article R.
111-27 du code de l'urbanisme qui reconnaît qu’un projet
d'antenne est de nature à porter atteinte au caractère ou
à l'intérêt des lieux avoisinants, aux sites, aux paysages
naturels ou urbains ainsi qu'à la conservation des perspectives monumentales).
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